Quelques morceaux de moi

J'en peux plus...

Une énième discussion houleuse à mon sujet. Et je me suis encore pris des propos affreux en pleine gueule. Je ne peux plus supporter tout ça. Comment leur dire, comment leur faire comprendre… je ne sais pas, je suis si fatiguée, si triste, si détruite…

J’ai encore fini en larmes. J’étais à deux doigts de me remettre à cogner du poing contre le mur, comme je le faisais l’an dernier quand je vivais en colocation. Tant de mots pour ne rien dire, et tant de jugements… je n’arrive pas à m’en remettre. Et dire qu’il s’agit de ma propre famille, que même eux sont incapables d’être là pour moi…

Retourner bosser demain est un soulagement. Le moins de temps je passerai avec ma mère et mon frère, le mieux ce sera. Je ne peux que supporter la compagnie des inconnus, des gens qui me connaissent à peine, des gens qui se laissent berner par le masque que j’ai décidé de mettre, parce que eux ils ne me posent pas de questions. Vu l’enfer que je vis, je crois qu’il est plus que temps que je songe à me trouver un appartement dans lequel vivre seule. La famille n’est qu’un poids, un immense poids qui me tire un peu plus encore vers le bas.

Pourquoi personne ne comprend ce vide que j’ai à l’intérieur de moi ? C’est comme si c’était une sorte de maladie inconnue, quelque chose que tout le monde fait exprès de ne pas voir et d’éviter par peur et incompréhension. Alors je fais comme eux, j’essaye de nier l’existence de ce vide, de la cacher. Mais j’en souffre terriblement. Et quand par malheur j’ai l’audace de montrer le gouffre sans fond qui aspire ma vie à chaque minute qui passe à quelqu’un, cette personne se transforme en un problème de plus que je ne peux pas gérer.

J’ai envie de quitter ma chambre, de fuir dehors, seule. De hurler dans la nuit et le froid. De marcher et de me perdre dans les rues pendant des heures. Et puis de finalement trouver le pont en-dessous duquel passe la rivière, et de me laisser tomber en bas. Cela ne me tuerait pas, j’en ressortirais seulement avec des blessures plus ou moins graves à cause de la chute, puisque la rivière n’est pas du tout profonde à cet endroit-là. De toute manière, cela fait des mois que je ne peux plus marcher à côté d’un pont sans me demander ce que je ressentirais si je sautais.

Tout le monde fait comme si c’était facile, comme s’il suffisait d’appliquer quelques conseils au hasard pour retrouver un semblant de vie. La vérité, c’est que quand on est vraiment perdu, qu’on a vraiment dérivé du chemin, qu’on se demande même si ce chemin a jamais existé, il n’y a personne pour nous ramener. Il y a seulement des gens qui donnent des conseils, et qui s’énervent quand on ose leur dire qu’on a déjà essayé et que ça ne fonctionne pas. Ils se sentent inutiles et ça les agacent, ils ont peur parce qu’ils se disent que si les conseils donnés ne marchent pas il y a des risques que ce ne soit pas réparable, et si un jour c’était leur tour et qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir… ils préfèrent tout faire pour ne pas y penser. Alors quand on est en dépression, on est seul. Et on le reste. La question c’est comment vivre avec ça ? Personnellement, je crois que je ne le pourrais jamais.