Quelques morceaux de moi

Inutile

Encore cette impression, celle ne de ne savoir rien faire, de n’être qu’un boulet, une personne maladroite dans tous les domaines… Pourquoi chaque moment de ma vie me donne cette impression ? Je me sens tellement mal, les larmes aux yeux pour un rien, la colère contre tout le monde moi y compris, tout ça forme quelque chose de vertigineux qui me fait perdre pied. C’est à croire que je n’ai vraiment rien à faire ici, que j’aurais dû naître ailleurs, dans un petit recoin sombre de l’univers là où personne n’irait me chercher et où j’aurais pu continuer de rêver comme une enfant chaque jour de ma vie.

La soirée d’hier n’a rien changé. C’était même pire. En me réveillant ce matin, j’en suis arrivée au point où j’ai regretté de ne pas avoir la gueule de bois. Parce que je me suis réveillée et que j’ai ouvert les yeux en me sentant comme si je n’avais pas fait la fête, comme si mes quelques heures d’amusement de la veille n’avaient jamais existé. Je n’ai même pas trouvé la force d’aller courir, je me suis laissée abrutir par mon ordinateur et mon lit réconfortant.

Parfois, je me demande encore pourquoi des gens continuent de venir me parler, essayant d’avoir une conversation normale avec moi, de me poser les questions que tout le monde pose, "tu fais quoi dans la vie ?", "t’as des frères et sœurs ?", ce genre de choses qui à force devient lassant. Pourquoi me poser toutes ces questions si au final, c’est pour m’oublier après ? Je n’ai pas envie qu’on cherche à me connaître de cette façon, ça me donne juste l’impression de n’être qu’un amas d’informations inutiles qu’on va ranger dans un coin, et j’en viens à me dire que je ne mérite pas d’être connue et que personne ne le mérite non plus, qu’on ne fait que se mentir en imaginant le contraire parce que ça fait moins chier que la vérité. Quand je rêvais encore, je m’imaginais que peut-être un jour je pourrais balancer une phrase différente, une phrase tout sauf normale et habituelle, la phrase juste par rapport à la situation et par rapport à ce que je ressens vraiment dans mon cœur, et que cette phrase résonnerait dans le cœur de la personne d’en face et trouverait une réponse. J’imaginais qu’un jour je ne serais pas la seule à sortir des phrases bizarres ou trop poétiques, que je ne les balancerais pas dans le vide, qu’il n’y aurait pas uniquement autour de moi des gens qui se moqueraient de moi parce que je dis ces phrases-là et ces mots qui ont pourtant tant d’importance pour moi. Je n’arrive plus à y croire, maintenant, je ne crois plus en rien…

Inutile. C’est le mot qui me définit le mieux, je pense. Peu importe ce que je fais, je sais que n’importe qui pourrait le faire à ma place ; d’ailleurs, lorsque j’ai un empêchement, on me trouve un remplaçant et je ne manque à personne. Je ne suis rien d’autre qu’une option parmi tant d’autres, facilement oubliable, facilement remplaçable. Et putain ce que ça fait mal…