"Il n'est pas la réponse, et tu le sais."
J’ai repris contact avec lui. Pourquoi ai-je fini par le faire ? Je l’ignore. Sans doute que j’ai laissé trop de place à la fillette en moi qui continue de pleurer et d’espérer un peu de tendresse et de réconfort. J’ai beau savoir que cet homme n’est pas la réponse, je vais le revoir. Je vais revoir mon père. Même l’écrire me semble idiot. Je voudrais qu’il y ait une réponse, quelque part, une solution… et mon fichu cœur de gamine voudrait que ce soit lui.
Avant, je parlais avec d’autres, je me confiais à propos de mon père, j’écoutais certains conseils et j’essayais d’avancer, de faire bouger les choses. Je ne le fais plus. Mon père n’est plus qu’une anecdote que je lance une fois de temps en temps, lorsque les conversations s’y prêtent. Ou alors j’en parle avec détachement, je raconte les grandes lignes de notre passé de façon simple, rapide, mécanique, comme si cela ne m’appartenait pas. A mes yeux, mon père est mort. Et le revoir, c’est un véritable périple au cœur de la souffrance. Je ne sais même pas pourquoi je m’inflige ça. Je me contente de faire les choses, de suivre mes idées stupides lorsqu’elles me viennent en tête. Je n’ai que ça à faire de ma vie. Je ne fais rien de bien, je ne fais rien de mal, je suis remplaçable. Je ferais mieux de mourir, ça m’éviterait toutes ces idioties… mais je n’en trouve pas la force. Alors à défaut de provoquer la mort, je l’attends. Elle finira bien par venir un jour, comme pour tout le monde. Je me demande d’ailleurs ce que je ressentirai lorsque mon père sera vraiment mort. Probablement pas grand-chose. Je me sens déjà tellement vide.