Dreamcatcher
Je suis chez ma mère, là. Elle écoute la radio. Elle danse, elle chante, elle s’éclate ; je l’entends parfois rire dans la cuisine. Pendant que moi, dans les chambres à l’étage, j’écoute "Rocket man" de Elton John, avec mon petit MP3, et que j’ai presque envie de pleurer. Je ne pleure pas, je retiens mes larmes. Et je vais descendre les escaliers, sourire à ma mère. Parce que je suis comme ça. Je ne sais pas faire autrement. Je ne sais pas comment faire pour que l’on puisse comprendre pourquoi je pleure. Je ne sais pas comment faire face à toutes les questions qu’on me poserait si je ne me cachais plus derrière un masque, si je le retirais soudainement.
J’ai envie de mourir. J’ai envie de passer 24h à faire la fête, de danser pendant des heures, de fumer en regardant les étoiles, de plonger nue dans une piscine ou une rivière, de chanter dans un karaoké une chanson super triste et super belle qui me ferait pleurer, de passer la nuit avec un homme et une femme pour faire l’amour et m’endormir dans leurs bras ensuite, de me lever en même temps que le soleil pour observer le ciel matinal assise sur un toit avec la ville en contrebas… et enfin, j’ai envie de m’allonger doucement sur un lit avec la fenêtre ouverte pour que les rayons de ce soleil me caressent le visage, de m’endormir et de ne plus jamais rouvrir les yeux.
J’aimerais être une sorte de rêve, qu’il suffise d’un attrape-rêve pour pouvoir m’atteindre, m’attraper, me ramener dans le monde, m’ancrer à la vie.