Échapper à tout ça
Encore une discussion qui finit par être portée sur ma personne. Dès que ça va dans ce sens, ça m’oppresse ; je dois tout le temps essayer de m’expliquer, j’ai l’impression de devoir tout justifier, de devoir donner une raison qui explique mon comportement. Et je ne peux pas le faire. Je ne sais pas ce qui me rend comme ça, ce qui me file des pensées aussi sombres et morbides, ce qui a détruit la belle vision que j’avais de la vie et du monde, autrefois… Alors la colère arrive et la discussion s’achève quand je finis par dire : "bon, j’en ai marre qu’on parle de moi, donc on va arrêter là." Ce genre de discussion se termine toujours par une coupure brutale qui laisse les questions sans réponses et frustre tout le monde. Ma vie se résume à ça, de toute façon : nager en pleine incompréhension. J’aimerais tellement échapper à tout ça, m’échapper loin de ce bordel… sauf que si je partais, peu importe où, même si je partais à l’autre bout du monde, les problèmes me suivraient puisqu’ils sont les miens.
Une fois on m’a dit que pour m’en sortir, je devais me trouver un modèle, une personne que j’admire et à laquelle j’ai envie de ressembler, histoire que ça me tire vers le haut et que ça m’aide. Super conseil. Je n’arrive à admirer personne. Ou alors, les rares personnes que je pense admirer sont celles ayant encore plus de problèmes que moi, celles qui me ressemblent déjà et dont je me sens proche parce qu’on vit la même souffrance. Je ne parviens pas à me projeter dans le futur, à me rêver une vie différente de celle que j’ai aujourd’hui. Je n’ai pas de rêve, d’envie de faire quelque chose de particulier… c’est à peine si j’ai encore quelques élans de désir qui me traversent le cœur, et ces désirs-là restent de toute manière inassouvis, ne me rendant que plus frustrée et amère, encore plus que je ne le suis déjà.
M’échapper et échapper à mes problèmes… finalement, la seule façon de réussir à faire cela serait de mourir. La mort permet d’échapper à tout sans aucune distinction. Plus d’envie, plus de rêves, mais aussi plus de souffrance, plus de tristesse, parce que plus de corps ni d’esprit… plus rien. Et bien que ce "rien" me fasse peur, parfois je songe qu’il n’est peut-être pas si différent du vide que je ressens tous les jours en moi. Dans ces moments-là, ce "rien", cette mort qui efface tout, me paraît être ma meilleure solution.