Trop de temps/pas le temps
Oh putain ce bordel… franchement, c’était du grand n’importe quoi. Si on devait faire une pièce de théâtre sur ma vie, on l’appellerait comme ça "N’importe quoi".
D’abord, j’ai mon stage qui a commencé. Ce n’est pas très fatiguant un stage, hein… ouais ouais, on en reparle après toutes ces heures à trier et à ranger des bacs entiers de livres et de CD, le tout avec une chef ayant un caractère de merde. Je les reconnais bien les gens avec ce caractère-là, c’est facile parce que j’ai le même. Du coup, paf, ça part en étincelles et c’est rarement bon qu’on se retrouve dans la même pièce. Mais s’il n’y avait que mes 40 heures de stage dans toute cette semaine de l’enfer, ça aurait pu aller. Sauf qu’en plus, avec la famille, on était en plein déménagement… et qu’on devait gratter tout l’appart pour espérer récupérer la caution. On l’a récupérée, d’ailleurs. Et maintenant, je suis complètement crevée…
J’ai tant donné de moi, cette semaine. Je l’ai fait parce que je me disais qu’après tout ce temps passé planquée sous ma couette avec mes idées sombres, me bouger me permettrait de me réintégrer dans le monde, dans la société, d’essayer de m’y tailler une place… C’est toujours un échec, je n’ai visiblement aucune place dans ce monde.
Tout part en vrac, et comme toujours, je ne sais pas quoi faire. J’ai l’impression de ne rien pouvoir y faire, en fait, de ne rien pouvoir faire du tout, comme si je n’avais vraiment plus aucune force, plus aucune incidence sur les événements, plus aucun poids, plus aucun pouvoir sur quoi que ce soit. Avant, j’avais tellement de temps pour moi que je ne voulais qu’une chose : qu’une personne essaye de venir m’en piquer, qu’on s’entende bien, et que je sois finalement ravie de lui en céder, de lui offrir de mon temps, de ce trop plein de temps dont je ne savais que faire. Et maintenant que j’ai voulu courir partout dans toutes les directions afin d’être "active professionnellement", je n’ai plus du tout de temps pour moi et c’est peut-être encore pire. Plus de temps même pour tenir le coup niveau santé, et du coup j’ai failli faire un malaise hier…
Vide, je me sens vide. Encore. Pourquoi ça ne part pas ? Ma mère n’arrête pas de répéter que dans la vie il y a des hauts et des bas, que c’est normal, que ce sont ces cycles qui nous permettent d’avancer. Je finis par détester ce terme, "avancer", toujours continuer à marcher, à fonctionner jusqu’à la mort, à tenir le coup… mais tout ça pour quoi, au juste ? A quoi ça sert d’avancer quand on a aucun but ? Et que les souffrances se prolongent, s’étirent, semblant interminables…