Quelques morceaux de moi

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Selon ma mère, il ne faut jamais réfléchir trop loin, penser à un avenir trop sombre et sans aucun espoir. Pourquoi ? Parce que d’après elle, il faut faire au mieux, et qu’il faut essayer de sauvegarder l’humanité, que c’est notre rôle, que ça peut être la place de chaque individu dans le monde, le destin, en quelque sorte. Mais l’humanité est déjà pourrie jusqu’à la moelle ! La preuve, entre ma mère qui a déjà vécu plus de quarante ans sur cette terre, et mon frangin qui n’a même pas encore la majorité, c’est ma mère qui est l’optimiste ; on ne croit plus en l’avenir, nous les jeunes, les futurs adultes à qui est sensé appartenir cet avenir. Je ne supporte plus leurs discussions, j’ai envie de hurler, de hurler pour qu’ils se taisent et qu’ils n’en parlent plus jamais… j’étouffe, je me sens prise au piège, je… putain, ça va passer, c’est bon… c’est passé. J’ai encore l’impression d’être détruite de l’intérieure et de me faire poignarder à chaque mot que j’entends en provenance de la pièce à côté – ma famille continue les théories sur la fin du monde et l’humanité dans le salon en dégustant des gâteaux – mais je respire un peu mieux, j’ai réussi à me calmer un peu. J’entends encore les mots, j’entends parler de survie, de combat, et je ne peux m’empêcher de me répéter à quel point tout cela est vain. Sauver qui ? Sauver quoi ? Et puis, est-ce qu’on est seulement capable de sauver quelque chose ou quelqu’un ? Je me sens mal. J’ai envie de me tuer. Je souffre trop. Je devrais pas souffrir, c’est la nouvelle année, c’est sensé être un renouveau, c’est un moment joyeux… alors bordel, pourquoi je souffre à ce point-là ?? ?