Écrasée
La radio crachant milles mots que j’essaye de ne pas écouter… je ne supporte pas cette manie du bruit, cette habitude qu’ont certains de toujours laisser la télé ou la radio allumée en fond pendant qu’ils font autre chose. Il y a tant de choses comme ça, que je ne peux plus supporter. Dès que je tente d’expliquer ce que cela me fait, ce que je ressens lorsque je suis emportée dans tous ces mots, ces voix, ces événements, on me trouve étrange et on me balance avec dédain que je suis trop sensible. Oui, je suis sensible. Et oui, sûrement bien trop pour ce monde. Mais je ne l’ai pas choisi et si je pouvais faire autrement, bien sûr que je le ferais…
Je voudrais tant cesser d’être écrasée par le monde, étouffée par ma propre colère contre laquelle je lutte pour qu’elle ne fasse pas d’éclat indésirable et qu’elle ne blesse personne, submergée par cette sensibilité que je ne peux pas expliquer…
Même prendre le bus, c’est un problème. Le simple fait de me retrouver entourée de toutes ces personnes, de tous ces inconnus, de sentir par certains de leurs regards qu’ils sont énervés ou angoissés, d’entendre leurs voix prononcer des mots auxquels je prête attention malgré le fait qu’ils ne me soient en aucun cas destinés… c’est un cauchemar. Je ne prends plus le bus sans mes écouteurs vissés dans mes oreilles.
Je viens de lire une histoire avec un personnage capable de lire dans les pensées des autres, et j’ai tout de suite eu une grimace en imaginant combien cela doit être atroce. D’une certaine façon, cela peut ressembler à ce que je vis…
J’ai peur. J’ai mal.
La semaine prochaine, je vais m’acheter un casque audio. Je… il faut que je m’isole du monde.