Nouvelle fuite ?
Ça fait un moment, maintenant. Avant, j’en avais très souvent, de ces envies de fuir. Je fuyais tout et tout le monde, je fuyais en me perdant dans mes pensées au lieu d’écouter les gens parler, je fuyais en sortant courir par n’importe quel temps. Je me souviens aussi de la fois où j’avais organisé une fugue pendant tout un weekend, le but étant de partir à un concert dans une ville que je ne connaissais pas, en prenant le train et en passant la nuit toute seule dans un hôtel… un plan complètement idiot que je n’avais finalement pas concrétisé. J’avais dix-sept ans et j’étais un peu idiote, de toute façon. Je le suis toujours, d’une autre manière, mais je le suis. Parce que j’ai à nouveau envie de fuir tout en sachant parfaitement que cela ne mènera à rien.
D’abord il y a l’idée la plus radicale, celle de la fuite définitive, c’est-à-dire le suicide. J’y ai songé un nombre incalculable de fois. Fuir la vie. Disparaître pour de bon. Mais ensuite j’ai pensé que je pourrais peut-être en profiter, de cette fuite, que je pourrais me sentir mieux si je ne fuyais pas complètement la vie mais uniquement certains aspects. Alors j’ai eu envie de partir, de faire un voyage, seule. Là aussi, j’ai renoncé. Parce qu’au fond, je suis une vraie girouette, je change d’avis bien trop vite, et je ne sais jamais vraiment ce que je veux. En ce moment, j’ai envie de fuir, mais cela peut très bien passer d’ici demain… et revenir le jour qui suit. Peut-être que je suis bipolaire, en fait.
Je ne sais pas ce qui est le mieux, finalement. Je ne le sais jamais. Que ce soit pour moi ou pour les autres, je ne suis pas fichue de savoir ce qu’il faut faire. Alors je fuis les autres et je me fuis moi-même… je n’arrive pas toujours à fuir, parfois je reste bloquée, et je ne suis pas vraiment fréquentable dans ces moments-là. J’imagine que tout le monde a ses erreurs, et probablement les regrets qui les accompagnent. Là aussi, je crois que j’ai quelque chose qui cloche : parfois j’en ai, des regrets, et parfois c’est comme si je n’en avais jamais eu et que je ne pourrais jamais en avoir peu importe à quel point ce que j’ai fait est grave. J’ai peur de tout ressentir et j’ai peur de ne rien ressentir, c’est pour ça que j’ai recommencé à me tailler la peau avec cette maudite lame. Une coupure est un moyen de fuir la souffrance tout autant que l’absence de souffrance.
Parfois je me dis que même la mort ne saurait être un moyen de fuir suffisamment loin de tout ce à quoi je veux échapper…