Autre niveau
Alors ça y est, le confinement a été déclaré. Super. Je me sentais déjà bien solo, mais là, au moins j’ai une sorte d’excuse. En un sens, tout est pire encore. Je tourne en rond dans ma propre tête, je ne dors plus qu’une heure ou deux par nuit, et j’arrête pas de sortir dans les montagnes pour courir, escalader, hurler, m’écorcher les mains dans les ronces, pleurer contre le sol de terre dure… et ensuite je retourne chez moi m’enfermer et tenter de dissimuler les traces qui pourraient dévoiler le monstre en moi.
C’est un autre niveau, maintenant. Comme dans les jeux vidéos lorsqu’on arrive à une étape qui se démarque des précédentes par sa complexité, une étape qui nécessite des heures et des heures pour être résolue. Sauf que la vie n’est pas un jeu vidéo, sinon j’aurais tout fait pour trouver le moyen de relancer une nouvelle partie, pour être quelqu’un d’autre, pour effacer le monstre. Je parle de jeux vidéos parce que j’ai recommencé à y être accro, je crois. Certains paniquent, et pendant ce temps, moi je ressors mes vieux jeux et ma console des cartons de déménagement… chacun ses priorités. Demain, j’irai m’acheter une bouteille de Jack Daniel. J’essayerai d’oublier que la dernière fois que j’ai voulu faire la fête j’ai failli violer quelqu’un. J’essayerai d’oublier que je n’ai aucun avenir pour ne pas avoir une fois de plus la tentation de me tuer.
J’aimerais que le corona débarrasse le monde de ma carcasse… parce que je n’en ai pas le courage.